Scénographies en mouvement
Pour la Planète, Matteo Segers et Yves Coumans veulent représenter la terre vue du ciel, une planète bleue. Les danseurs, les musiciens et comédiens sont vêtus de costumes peints avec des motifs de continents. Leurs maquillages sont dans le même esprit. L'ensemble forme un tout homogène, une sorte de petite "armée" en manifestation. Bruno Renson crée la structure, une sphère de 4 m de haut sur laquelle 5 danseurs émergent. Au sol , les comédiens jouent avec une petite planète. De cette manière musique, danse et jeu muet avec objet se combinent.
L'ensemble est en mouvement perpétuel, une image monochrome qui capte le soleil et les regards...
Quelques années plus tard Yves Coumans et Nadia Vermeulen imaginent et conçoivent avec Bruno Renson, une scénographie très apparentée pour "La ballade de Ron et Dus". Une troupe d'acteurs et musiciens suivie d'un immense cheval en mouvement arrive par une rue dérobée sur une place publique. L'ensemble de la troupe établit une aire de jeu à 180° et convie les spectateurs à se rapprocher, tout en maintenant au centre de l'aire de jeu, un espace suffisant pour les actions de la marionnette géante. Ron et Dus ne font pas partie du cortège, leurs costumes sont différents. Les hommes du cortèges, par contre ont des costumes reliés au cheval par l'utilisation de formes géométriques et de couleurs identiques, ici marquées sur les chapeaux. Une nouvelle fois l'ensemble est cohérent et dégage une image forte dans la rue. La couleur blanche, dominante, est inhabituelle et crée la surprise visuelle. Arriver, repartir et disparaître sans laisser d'autres traces qu'un éphémère moment de spectacle tel était notre souhait, habiter la rue, la place, juste le temps de raconter, de poser des questions avec une étrange métaphore.

La marionnette géante est parfois aussi une scénographie en soi. Tel cet orgre, qui avait mangé ses voyages, réalisé par Bruno Renson, Thomas Marchal, Yves Coumans, Nadia Vermeulen, Caroline Lemaire pour la Cavalcade de Jemappes. Très vivant vu de l'extérieur, l'ogre remue la bouche, jette un regard à gauche, à droite. Il étire les bras, caresse ici ou là un balcon, un poteau. Géant assis, il a autour de la tête une corolle de manipulateurs. Pendant qu'il chemine au rythme de la parade, des spectateurs peuvent y entrer et le visiter de l'intérieur. Des images de voyage y sont tapissées et d'étranges personnages l'habitent, monstres de foire, tête sans corps, femme à barbe, jumelles siamoises qui voudraient se séparer. une scénographie, un objet géant à double fonction, une marionnette bien vivante...

Voici quelques chars de la Cavalcade de Jemappes, construits en 2006 par Bruno Renson avec le concours l'Ecole de Promotion sociale de Jemappes, ils roulent toujours 10 ans après leur première sortie. Ces chars sont inspirés par la forme d'une péniche et la roue du chassis à molette typique des charbonnage. Deux images liées à l'histoire du Borinage. Sur l'extérieur du chassis, différents points de fixation permettent de transformer l'engin à souhait en fonction des thèmes choisis annuellement. Véritables scénographies en mouvement, ces espaces ambulant peuvent être habités par une quinzaine d'acteurs au maximum et sont poussés à la main. Le conducteur gère les virages, les démarrages et les arrêts, le freinage aussi et veille à la sécurité du public.

